Grant Street
Ph BEASSE PhotographyUn petit matin à Soho New York.
Une image se présente à l’angle d’une rue.
Un espace, une lumière et donc une ombre dessinent ensemble une photographie pour qui sait la voir.
Mais la voir n’est pas suffisant, le rôle du photographe est aussi de la saisir, de saisir l’opportunité de figer l’instant, tout comme son rôle est de soumettre son image au regard des amateurs et des passionnés. Libre à eux de partager l'émotion ainsi relatée.
De tous les précurseurs et les "mentors" hommes ou femmes qui contribuèrent à alimenter cette passion pour la photographie, il en est un qui joua un rôle essentiel en m'ouvrant les yeux à la couleur : Saul Leiter.
Jusque-là, comme de nombreuses vieilles barbes bouchées et obtuses, la photographie ne pouvait être que noir et blanc, ne parlons même pas du numérique dont la pratique s'apparentait alors à la pire déviance et au pire blasphème que pouvait commettre ou proférer un hérétique cathare.
Three characters
Ph BEASSE Photography
Le travail sur la photographie couleur de Saul Leiter n'a été réellement révélé au grand public qu'au début des années 90 alors que ces premières oeuvres furent réalisées dans les années 40. Le MoMA toujours précurseur avait cependant déjà organisé deux petites rétrospectives de son travail dont une sur ses images en couleur en 1957.
Né en 1923 à Pittsburgh Pennsylvania, Leiter était le fils d'un rabbin influent et n'était en aucun cas destiné à devenir l'artiste que l'on connait aujourd'hui.
Hats 5th Ave
Ph BEASSE Photography
A 23 ans, au grand désarroi de son père, Saul Leiter abandonne ses études de théologie, nul n'est parfait et quitte sa ville natale pour s'installer à New York et se consacrer à sa nouvelle lubie : la peinture, influencé par le travail de Richard Pousette-Dart, cela ne s'invente pas non plus.
Quelques années plus tard, au sortir d'une exposition Cartier-Bresson toujours au MoMA, il se procure son premier appareil photo et commence à arpenter les rues de New York pour laisser libre cours à son inspiration. Ses premières images sont en noir et blanc mais en bon coloriste, il ne peut résister à la tentation de la couleur.
Inside
Ph BEASSE Photography
Si ses photographies de rue sont les plus connues, il gagne sa vie en réalisant des images pour la mode dans son studio personnel situé Bleeker Street dans le quartier de Greenwich Village ainsi que de nombreux nus d'une douceur désarmante.
Il réalise ses prises de vue à Paris et Rome, mais c'est surtout New York qui constitue la toile de fond de son oeuvre photographique. Son travail merveilleux, entre douceur et nostalgie, est imprégné de silhouettes vaporeuses apparaissant à peine dans le reflet d'une vitrine, d'objets simples, juste ébauchés ou d'inscriptions en transparence soulignant l'espace et les circonstances.
Bowie
Ph BEASSE Photography
Sa manière de faire, un peu comme Hopper, laisse toute la place à l'imagination, à l'attente d'une suite qui ne viendra pas, au temps qui se suspend lui-même, fatigué d'avoir sans cesse à montrer un chemin qui quoiqu'il arrive ne sera jamais emprunté. Dans ses images, on voudrait nettoyer la vitre embuée qui dissimule le sujet ou balayer la neige qui encombre cette chaussée et rend frustrante et impossible la progression.
Cette série «INTIMATE» que je vous présente à la Galerie est un assemblage tout simple, une lecture très personnelle de cette ville qui me hante et que les inconditionnels de New York s'approprieront certainement. Ces clichés s'inspirent modestement de ceux réalisés par Saul Leiter pour l'oeuvre duquel j’ai la plus grande admiration.
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